Exposition Belladone de Tatiana Wolska - Au Drawing Lab, jusqu’au 20 avril 2025
Tatiana Wolska présente ses dessins et sculptures au Drawing Lab. Elle fait transparaître
dans l’exposition à la fois des visions magiques et imaginatives, un lien avec la botanique et
des archives féministes pour laisser parler ses émotions.
Une œuvre essentielle y occupe la plus grande partie de l’espace d’exposition. Elle crée à
cet endroit-là une réalisation qui ne perdure pas, une construction aux côtés d’œuvres déjà
produites. L’artiste présente à travers ce patient assemblage, une démarche qui se veut
engagée, et une structure qu’elle vit comme étant vibrante.
Dans la pièce principale, l’œuvre est composée de récupération d’objets, de collages, de
papiers de toutes formes, d’agrafes. L’artiste explique la « mouvance » de sa réalisation qui
va évoluer, bouger, voire s’abimer puisqu’ on peut marcher, s’assoir sur cette création, et
instaurer en quelque sorte un langage visuel et gestuel. Elle se laisse guider par son instinct,
ses sensations qui mettent en forme dans l’espace des courbes abstraites, grâce à des
découpages, déchirages, agrafages …
L’exposition côtoie le familier et l’étrange, la légèreté et l’ardeur. Parfois tout en souplesse et
en couleurs diaphane, le visiteur se laisse porter par de la douceur, des formes rondes et
souples mais on revient au dessin, ou à la présentation suivante, à quelque chose de
beaucoup plus froid et noir. Certains dessins, tels des fleurs aux couleurs pastel semblent
douces et fragiles mais à y regarder de près, on découvre toute la subtilité du dessin en
courbes, et creux, et qui semble pouvoir muter et se transformer. Ses dessins évoquent le
vivant (plantes, organes, cheveux) et elle déploie un univers à la frontière du réel et de
l’abstraction.
Cette sculptrice, dessinatrice expose aussi des œuvres tout en courbes qui prennent
possession de l’espace pour s’éloigner de la réalité. C’est la fusion du dessin et de la
sculpture.
La belladone, le titre de son exposition, est une plante à la fois remède et poison, ce qui
implique une grande attention dans son utilisation. On aborde ainsi le mythe de la sorcière
qui savait utiliser les plantes pour guérir mais peut-être aussi pour empoisonner. Du moins
se méfiait-on de cette femme affranchie et de son savoir. C’est aussi là que réside le nœud
de l’œuvre de l’artiste, puisque la plante est en lien avec la femme, son secret, son
aliénation, son émancipation. Il s’agit aussi pour elle de revendiquer ces droits de femmes.
Née en Pologne, Tatiana Wolska vit et travaille à Bruxelles. Lauréate du 13 e Prix Drawing
Now elle met en lumière différentes facettes du dessin contemporain.
Lauréate du Grand Prix du Salon de Montrouge, elle est invitée par la Fondation Pierre
Bergé pour une exposition personnelle au Palais de Tokyo en 2O14. Depuis, son travail est
régulièrement exposé par des institutions internationales à Bruxelles, Poznan, Paris ou
Londres.
L’artiste s’inscrit bien dans la vocation du Drawing Lab qui se veut un lieu de diffusion du
dessin sous toutes ses formes, en donnant carte blanche aux artistes afin d’en explorer
toutes les facettes. Et c’est bien ce qu’a réalisé Tatiana Wolska dans la première et grande
salle d’exposition en utilisant différents matériaux.
Ysabelle J.
Le Drawing lab 17 rue Richelieu à Paris : Du mardi au samedi de 11h à 19h - Exposition entrée gratuite